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Lever de soleil sur le lac |
Le vélo est une solution pour
sortir des sentiers battus mais sur un lac, il a ses limites. Je m’embarque
donc très tôt ce matin sur une des nombreuses pirogues à moteur pour explorer
le lac Inlay et partir à la rencontre de ses habitants. Direction le sud sud du
lac pour éviter les nombreux touristes qui débarquent chaque jour.
Au bout de quelques km, le
spectacle a radicalement changé. Les villages de pêcheurs, de tisserands ou d’agriculteurs
(on cultive des fruits et des légumes avec des jardins flottants) apparaissent
peu à peu avec le levée du soleil. Ma première rencontre se fera avec un
pêcheur typique. Pagayant avec un pied par un ingénieux système, il utilise ses
deux mains pour enfoncer des énormes filets ressemblant à des entonnoirs. Au
bout de quelques secondes, il soulève le filet pour voir le résultat de sa
pêche, va un peu plus loin et recommence l’opération. Impressionnant de voir sa
dextérité et l’image est magnifique dans le soleil. Je le quitte pour m’approcher
d’un autre pêcheur en tenue traditionnel qui utilise sa rame comme bâton pour
attirer les poissons (pas certaine que cela soit très efficace). Pour les plus
pauvres, il suffit de se mettre à l’eau armé d’un grand filet et de marcher en le
drainant dans l’espoir d’attraper un de ses fameux poissons.
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Les charmants villages de pêcheurs |
Alors que le lac s’élargit et que
le soleil prend de la hauteur, j’arrive aux premiers villages. De petites
maisons en bois, pailles, bambous, roseaux… et montées sur pilotis se
succèdent. Ils ont tous une couleur différentes, une forme particulière et c’est
un bonheur de regarder ces cabanes alignées sur l’eau au milieu de rien. Dedans
et dehors la vie s’organise. Les enfants (qui je pense ne vont pas à l’école)
aide leur père ou leur mère aux tâches du quotidien. Il s’agit de réparer les
filets, laver son ligne ou sa vaisselle dans le lac, faire un brun de toilette
en s’immergeant complètement, préparer les poissons ramenés le matin… Autant de
petites scènes qui peuvent paraître banales mais qui prennent une signification
unique dans ce décor hors du temps et de l’espace. Enfin pas tout à fait, car
les hameaux sont approvisionnés en électricité (je vous assure) par un système
de poteau en bois planté dans le lac et sur lequel repose des fils électriques.
Je me demande parfois comment cela tient et si personne ne s’est jamais
électrocuté.
C’est ainsi passant de village en
hameau que j’arrive au marché du jour. Ici, les villages se recoupent de
manière à organiser un marché tournant tous les 5 jours chez eux.
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Un des nombreux pêcheurs |
Dès que je mets le pied à terre,
je comprends que les blancs ne sont pas légions ici. Les gamins me regardent
avec des grands yeux ébahis, osant parfois un hello alors que les adultes sont
tous habillés dans leur tenue traditionnelle variant en fonction de leurs
ethnies. Ce mélange se retrouve sur le marché où chacun vient avec ses produits
locaux. Les couleurs et les saveurs remplissent l’air et je ne sais plus où
regarder. Munis d’une balance à poids (un autre temps), d’une feuille et d’un
crayon, tout se négocie et se paie parfois en troc. Les villages entiers
semblent s’être donné rendez-vous dans ce lieu au bord du lac. Les femmes très
chargées remplissent des paniers avant de les porter jusqu’aux pirogues à rame entrelacées
les unes aux autres. Se joue alors une partie de qui met le plus et comment
faire tenir un maximum de choses dans un si petit bateau. Tout le monde s’en
même et la scène est cocasse. Me dépêtrant de tous ces bateaux, je continue mon
chemin jusqu’à un jardin flottant. Étonnant de voir qu’en ramenant un peu de
terre et de graine, les birmans sont capables de faire pousser sur l’eau quantité
de fruits et de légumes : Tomates, courges, haricots, petits poids, melons…
et même des fleurs de lotus.
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Le marché et ses ethnies |
Ces fleurs de lotus sont très
importantes sur le lac car elles servent à confectionner les vêtements. En s’approchant
d’un village, je suis surpris par le cliquetis répété des machines à tisser. Je
m’approche et je découvre des énormes métiers à tisser. On m’explique les
différentes étapes de la confection des vêtements en fibre de lotus mélangé à
de la soie ou du coton de Mandalay. Les femmes ont une dextérité époustouflante,
coordonnant les mains et les pieds pour chaque fil, chaque motif… Tout est fait
à la main de la récupération de la fibre de lotus à la coupe finale. Je suis
bleuffée moi qui n’arrive même pas à coudre correctement un bouton.
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La vie locale |
Je resterai bien des heures à
écouter ce cliquetis et à regarder ces femmes travailler le tissu. Mais la
journée est déjà bien entamée et le driver me fait comprendre qu’il faut
prendre le chemin du retour. Sur la pirogue je me laisse bercer par le soleil
(un peu trop à en juger par les coups de soleil), le paysage entre montagne et
eau, les innombrable est inoubliables villages et pêcheurs et je me surprends
même à nourrir les oiseaux du lac. Avant de rejoindre Nyaungshwe, j’effectue un
dernier arrêt devant un petit sanctuaire planté au milieu de l’eau et qui
renferme un bouddha pêcheur. Même eux ont le droit de faire des offrandes au
milieu de l’eau. Un autre monastère touristique, cette fois-ci, attire mon
attention et sera mon ultime halte de la journée. Il s’agit du monastère des
chats sauteurs. Si je n’ai pas vu les chats sautés, en revanche, l’animal est
présent partout en grand nombre. Quant à la salle de méditation en teck, elle
renferme une collection sympathique de bouddha de toutes matières et de tout
âge. De quoi donner une dimension spirituelle à cette journée placée sous le
signe des rencontres et des découvertes.
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