La nuit a été un peu courte car
mon estomac n’a pas vraiment aimé la bouffe locale la veille au soir. Pourtant
pas question de rester dans la chambre à me lamenter et louper les milliers de
temples qui me tendent les bras. Pas question non plus de prendre un vélo comme
je l’avais prévu la veille et faire une cinquantaine de km sous la chaleur
écrasante et le soleil. Du coup, je change mes plans et décide de me consacrer
aux temples les plus loin et les plus anciens… le tout dans une carriole à
cheval. Après une négociation musclée (ils sont durs en affaire ici), me voici
parti. Direction les monuments connus et moins connus au nom imprononçable.
Entre Nagayon, pawdawmu, manuha, sein nyet ama et Nyima… autant dire que je me
suis déchaussée une vingtaine de fois dans la journée. Car pour chaque lieu et
même si la plupart ne sont plus en activités, il faut se mettre pieds nus.
Détail des sculptures
Mais, à part ce petit détail
passablement énervant au bout de la 3ème ou 4ème fois en
moins d’une heure, je ne me lasse pas de les admirer. On pourrait croire qu’on
se lasserait vite mais pas du tout. Ils sont tous différents soit de l’extérieur,
soit de l’intérieur. Entre le 10ème et le 13ème siècle,
je commence à repérer les différences et les similitudes de construction. Quant
aux bouddhas, ils se ressemblent tout de même plus ou moins. En fait la
singularité tient dans l’architecture plus ou moins travaillé et surtout sur
les fresques intérieurs. Car contrairement à hier, les pagodes les plus anciennes
renferment tous des peintures et des fresques magnifiques et encore
relativement bien conservés. A la lampe de poche, je découvre des scènes
religieuses d’antan, des bouddhas peints et dessinés et de nombreux récits Jakarta
en langue pyu, môn… De la pagode la plus haute, à la plus grande en passant par
celle emmurée en raison des tremblements de terre, de la plus ancienne
construite, celle reprenant les 3 principales religions (hindouisme, bouddhisme
maya ahana et Theravana)… j’ai un bel
aperçu de la vie religieuse pendant ces 2 siècles de construction frénétique
(il y en avait un tous les 15 jours qui sortaient de terre). Mon coup de cœur revient
tout de même à la Sulamani patho avec ses immenses fresques très très bien
conservés, ses couleurs remarquables, le détail des dessins et des sculptures à
l’extérieur. On pourrait passer des heures pour contempler chaque fresque avec
minutie.
Et des peintures murales
Après avoir fait le plein de
temple, de spiritualité et d’admiration, je me penche vers une autre curiosité locale :
l’artisanat en laque. On est loin de la religion mais la visite d’une fabrique
est super intéressante. Je n’avais aucune idée de la confection de ces objets.
En fait, la plupart des objets (bols, récipients et autres) en dehors de
meubles sont faits à base de tiges de bambous recouverts de laques et poncés à
la main. Il faut en moyenne 14 couches de laques pour avoir un objet de qualité
et des mois de travail pour un simple récipient (en raison du temps de
séchage). Je me suis bien amusée à regarder ses artistes travaillés et sortir
des pièces sublimes. Il est certain qu’un meuble en laque est du plus bel effet
mais faut-il encore avoir les moyens de se le payer.
Le superbe coucher du soleil
Comme je ne suis pas
crésus, je passe mon chemin pour rejoindre les temples. Enfin en l’occurrence un
temple facile à retenir, le N°400. Les archéologues ont fini par donner des
numéros au temple ne trouvant plus de noms appropriés ou ne connaissant pas l’histoire
de la pagode en question. Le N°400 s’avère un lieu approprié et fréquenté
(avouons-le) par les touristes pour admirer le coucher du soleil. Il aurait été
dommage de venir à Bagan sans voir ce fameux coucher. Il vaut vraiment le
détour. Avant même le coucher du soleil, prendre de la hauteur me permet de
prendre conscience de l’immensité du site. Si d’en bas, on se rend vite compte
qu’il y en a partout, d’en haut la vue est encore plus sublime. A perte de vue,
je vois des pagodes, des stupas en brique parfois surélevé d’un chapeau en
feuille d’or. A perte de vue et dans toutes les directions. Lorsque le soleil
commence peu à peu à descendre, la vue sur la plaine se fait plus profonde. J’ai
l’impression que les temples poussent comme des champignons dans l’horizon rougeoyant.
Des temples qui semblent aussi d’embraser dans la lumière su soir alors que peu
à peu une brume monte comme pour cacher et protéger ses merveilles pour la
nuit. Les derniers rayons du soleil embrase la plaine et semble se poser un
instant sur le Dhammayangyi Patho avant de laisser la place à la brume et à la
nuit. Après ce spectacle magnifique, je rentre à l’hôtel la tête remplie d’images
et rêvant déjà aux merveilles du lendemain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire