jeudi 28 février 2013

De retour à Yangoon



Salons de thé dans la rue
Me voici de retour à Yangoon, ce qui sonne la fin de mes aventures en Birmanie. Mais avant de repartir en France, je profite de cette dernière journée pour jouer les touristes (une fois n’est pas coutume) en me rendant au musée des pierres précieuses. Tenue par le gouvernement, il faut montrer patte blanche avant de pouvoir y entrer. En haut d’un magasin de diamants de deux étages se trouvent une pièce consacrée aux plus beaux et gros diamants du monde. Autant dire que je reste sans voix devant les rubis, jades, améthystes, or, argent, perle, topaze, aquamarine… En pierre brute de plus de 100kg (et oui) ou taillé finement pour donner des somptueux bijoux, petits éléphants, dragons ou autres, elles sont impressionnantes par leur beauté, la finesse des découpes et leur pureté. Au milieu siège le plus gros diamant du monde qui ferait rêver n’importe quelle femme. Oui mais voilà, ce n’est qu’un doux rêve. 


Quand on peut on en met
Une carte retrace tous les sites d’extraction (et ils sont nombreux). Se pose alors la question de la différence flagrante qui existe entre toutes ces matières précieuses qui valent des millions de dollars même à l’état brut et la pauvreté des gens qui parfois ne vivent qu’avec 2,50$ par jour. Une seule de ces pierres pourrait aider des centaines de birmans mais non ils reviennent au gouvernement. Un constat d’autant plus grand que la majorité des bijoux et objets ont été confectionnés à partir des années 1970 (je vous laisse méditer).


Pour le plaisir des yeux !
Emerveillée et interloquée, je sors du musée pour me mêler à la population locale et aux touristes de passage au plus grand marché de la ville : le scott market. En intérieur les allées innombrables abritent fruits, légumes et vêtements pour locaux avec les souvenirs, sculptures en bois, ombrelles, textiles… pour touristes. Je résiste à la tentation de ramener deux, trois bricoles (mon sac est déjà plus que plein) et je préfère prendre un thé dans la rue. Les salons de thé improvisés sont toujours une belle parenthèse animée sur la vie locale. Le soir venue après un dernier repas je m’octroie un verre (et oui) sur la terrasse de l’hôtel devant la grande pagode Shwedagon illuminée, symbole de la Birmanie. Quoi de plus enchanteur que cette soirée devant ce bijou de l’humanité.


Sophie

mercredi 27 février 2013

A la rencontre des habitants du lac



Lever de soleil sur le lac
Le vélo est une solution pour sortir des sentiers battus mais sur un lac, il a ses limites. Je m’embarque donc très tôt ce matin sur une des nombreuses pirogues à moteur pour explorer le lac Inlay et partir à la rencontre de ses habitants. Direction le sud sud du lac pour éviter les nombreux touristes qui débarquent chaque jour. 


Au bout de quelques km, le spectacle a radicalement changé. Les villages de pêcheurs, de tisserands ou d’agriculteurs (on cultive des fruits et des légumes avec des jardins flottants) apparaissent peu à peu avec le levée du soleil. Ma première rencontre se fera avec un pêcheur typique. Pagayant avec un pied par un ingénieux système, il utilise ses deux mains pour enfoncer des énormes filets ressemblant à des entonnoirs. Au bout de quelques secondes, il soulève le filet pour voir le résultat de sa pêche, va un peu plus loin et recommence l’opération. Impressionnant de voir sa dextérité et l’image est magnifique dans le soleil. Je le quitte pour m’approcher d’un autre pêcheur en tenue traditionnel qui utilise sa rame comme bâton pour attirer les poissons (pas certaine que cela soit très efficace). Pour les plus pauvres, il suffit de se mettre à l’eau armé d’un grand filet et de marcher en le drainant dans l’espoir d’attraper un de ses fameux poissons. 


Les charmants villages de pêcheurs
Alors que le lac s’élargit et que le soleil prend de la hauteur, j’arrive aux premiers villages. De petites maisons en bois, pailles, bambous, roseaux… et montées sur pilotis se succèdent. Ils ont tous une couleur différentes, une forme particulière et c’est un bonheur de regarder ces cabanes alignées sur l’eau au milieu de rien. Dedans et dehors la vie s’organise. Les enfants (qui je pense ne vont pas à l’école) aide leur père ou leur mère aux tâches du quotidien. Il s’agit de réparer les filets, laver son ligne ou sa vaisselle dans le lac, faire un brun de toilette en s’immergeant complètement, préparer les poissons ramenés le matin… Autant de petites scènes qui peuvent paraître banales mais qui prennent une signification unique dans ce décor hors du temps et de l’espace. Enfin pas tout à fait, car les hameaux sont approvisionnés en électricité (je vous assure) par un système de poteau en bois planté dans le lac et sur lequel repose des fils électriques. Je me demande parfois comment cela tient et si personne ne s’est jamais électrocuté. 


C’est ainsi passant de village en hameau que j’arrive au marché du jour. Ici, les villages se recoupent de manière à organiser un marché tournant tous les 5 jours chez eux. 


Un des nombreux pêcheurs
Dès que je mets le pied à terre, je comprends que les blancs ne sont pas légions ici. Les gamins me regardent avec des grands yeux ébahis, osant parfois un hello alors que les adultes sont tous habillés dans leur tenue traditionnelle variant en fonction de leurs ethnies. Ce mélange se retrouve sur le marché où chacun vient avec ses produits locaux. Les couleurs et les saveurs remplissent l’air et je ne sais plus où regarder. Munis d’une balance à poids (un autre temps), d’une feuille et d’un crayon, tout se négocie et se paie parfois en troc. Les villages entiers semblent s’être donné rendez-vous dans ce lieu au bord du lac. Les femmes très chargées remplissent des paniers avant de les porter jusqu’aux pirogues à rame entrelacées les unes aux autres. Se joue alors une partie de qui met le plus et comment faire tenir un maximum de choses dans un si petit bateau. Tout le monde s’en même et la scène est cocasse. Me dépêtrant de tous ces bateaux, je continue mon chemin jusqu’à un jardin flottant. Étonnant de voir qu’en ramenant un peu de terre et de graine, les birmans sont capables de faire pousser sur l’eau quantité de fruits et de légumes : Tomates, courges, haricots, petits poids, melons… et même des fleurs de lotus. 


Le marché et ses ethnies
Ces fleurs de lotus sont très importantes sur le lac car elles servent à confectionner les vêtements. En s’approchant d’un village, je suis surpris par le cliquetis répété des machines à tisser. Je m’approche et je découvre des énormes métiers à tisser. On m’explique les différentes étapes de la confection des vêtements en fibre de lotus mélangé à de la soie ou du coton de Mandalay. Les femmes ont une dextérité époustouflante, coordonnant les mains et les pieds pour chaque fil, chaque motif… Tout est fait à la main de la récupération de la fibre de lotus à la coupe finale. Je suis bleuffée moi qui n’arrive même pas à coudre correctement un bouton. 


La vie locale
Je resterai bien des heures à écouter ce cliquetis et à regarder ces femmes travailler le tissu. Mais la journée est déjà bien entamée et le driver me fait comprendre qu’il faut prendre le chemin du retour. Sur la pirogue je me laisse bercer par le soleil (un peu trop à en juger par les coups de soleil), le paysage entre montagne et eau, les innombrable est inoubliables villages et pêcheurs et je me surprends même à nourrir les oiseaux du lac. Avant de rejoindre Nyaungshwe, j’effectue un dernier arrêt devant un petit sanctuaire planté au milieu de l’eau et qui renferme un bouddha pêcheur. Même eux ont le droit de faire des offrandes au milieu de l’eau. Un autre monastère touristique, cette fois-ci, attire mon attention et sera mon ultime halte de la journée. Il s’agit du monastère des chats sauteurs. Si je n’ai pas vu les chats sautés, en revanche, l’animal est présent partout en grand nombre. Quant à la salle de méditation en teck, elle renferme une collection sympathique de bouddha de toutes matières et de tout âge. De quoi donner une dimension spirituelle à cette journée placée sous le signe des rencontres et des découvertes. 


Sophie
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mardi 26 février 2013

Dernière étape au lac Inlay



Le système de bagage : folklorique
Hier, je suis arrivée au lac Inlay, la dernière étape de mon périple (et oui déjà). Je change de nouveau de paysage délaissant la ville polluée et surpeuplée de Mandaly pour le calme et la fraîcheur du lac le plus connu du Myanmar. Je souhaite me reposer et j’opte donc pour un hôtel assez chic à Nyaungshwe. J’aurai aimé un endroit sur le lac Inlay mais tout est complet depuis de mois.


Ce n’est pas très grave, au contraire. Je commence par explorer la petite ville coincée dans les montagnes et parsemé de canaux. Les touristes sont aussi de la partie mais bizarrement ils me gênent moins qu’à Mandalay. Des touristes et des moines puisque le village en accueille pas moins de 500 (novices ou confirmés) dispersés dans les nombreux séminaires. L’ambiance est donc assez rigolote si on songe au contraste. L’exploration du village terminée, je me dirige vers mon endroit favori : le marché. 


Poissons frais !
Là, pratiquement pas de touristes (forcément il n’y a que des étales pour les locaux) mais un arc en ciel de couleurs et de saveurs. Fruits et légumes frais et en tout genre côtoient les fleurs destinés aux prières, les épices colorées, les poissons du matin et quelques poulets à peine déplumés. J’adore m’imprégner de l’ambiance en déambulant dans les allées achetant ici ou là thé, banane et autres fruits appétissant alors que les restaurants (ou plutôt les quelques tables posés au bout des allées) me font de l’œil. 


Je découvre quelques tenues traditionnelles sur le marché et j’ai envie d’explorer un peu plus la campagne environnante. Rien de plus simple : il suffit de louer un vélo. Mais avant de m’enfoncer sur les chemins des rizières, je prends la direction d’un monastère un peu particulier, à 2km5 de Nyaungshwe. Tout en bois, il accueille 130 novices qui apprennent à lire et à écrire en récitant ensemble les prières de bouddha. Impressionnant. Tout comme les immenses fenêtres en teck qui laissent passer les petites têtes rasées et qui donnent un cadre hors du commun. Dans un petit bâtiment juste à côté, des centaines de petits bouddhas de toutes les couleurs et de toutes les matières ont pris place dans des alcôves. Ces bouddhas sont placés par les touristes du monde entier comme témoignage de leur passage. Je trouve l’idée bonne et rigolote. Dommage que je ne le savais pas j’aurai contribué à ma façon en achetant moi aussi un petit bouddha.


Hameaux le long du lac
Je quitte ensuite le village et les monastères pour m’enfoncer au hasard dans les champs et les rizières. Dès les premiers coups de pédales hors de sentiers battus, le spectacle est magique. Je retrouve la vraie vie birmane avec les petites maisons en bois et en bambou construites sur pilotis, les rizières labourées par les charrues à bœuf, les enfants s’amusant d’un rue ou faisant leur devoir au coin du feu. Plus loin, un gardien en tenu traditionnel ramène son troupeau de buffle alors qu’une jeune fille lave soigneusement son linge dans les canaux. Je suis vraiment dans un autre monde où tout semble plus simple, plus authentique. On m’accueille avec le sourire et la gentillesse habituelle accompagnés de hello. Il ne semble pas étonné de ma présence et je flâne ainsi toute l’après-midi dans cet univers que j’adore. 


Les moines étudient
Demain, je pars sur le lac pour le découvrir et j’ai choisi comme à mon habitude (enfin quand je peux) de m’éloigner du circuit touristique habituel pour aller à la rencontre des ethnies du sud du lac. Espérons que je pourrai encore vivre de beau moment authentique.


Sophie
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dimanche 24 février 2013

La folie des grandeurs de Mingun



Les gardiens de Mingun
J’ai beaucoup de mal à supporter la chaleur écrasante et la pollution de Mandalay. J’ai repéré sur le guide un lieu sympathique coincé dans les montagnes touristiques le matin et beaucoup moins l’après-midi. Dès la sortie de Mandalay, le paysage change du tout au tout. Je me retrouve plongée dans la campagne avec ses scènes typiques. Les birmans habitent de petites maisons en bambous sur pilotis. Des espaces spartiates et sombres mais qui gardent la fraicheur. En bas, c’est la vie qui s’organise avec les enfants qui jouent avec rien, les femmes qui cuisinent, lavent le linge ou trient les légumes et les hommes qui font la sieste ou conduisent les charrues de bœuf dans les rizières. Ce paysage campagnard s’étend jusque la petite ville de Mingun un peu plus agité. Le long des rues, les commerces de babioles et de vêtements destinés aux touristes semblent pousser comme des champignons et témoignent de l’aspect prisé des lieux. 


La plus grosse cloche du monde (non pas moi)
Heureusement, à cette heure-ci aucun blanc à l’horizon et j’arrive tranquillement devant un monument gigantesque. C’est la paya Mingun. Cela aurait pu devenir le plus grand stupa du monde si le roi à l’origine du projet n’était pas mort. De loin, c’est un immense tas de briques qui se dessinent gardé par deux lions-dragons dont il ne reste que l’arrière mais qui laisse deviner des proportions pharaoniques. De près, le monument n’est pas très beau mais il impressionne par sa grandeur. 


Le temple aux deux bouddhas
Un peu plus loin sur la même route, un autre édifice témoigne de la folie des grandeurs de ce roi. Il s’agit de la plus grande cloche suspendue du monde. Impressionnante avec ses 4m de hauteur, ses 5m de diamètre et ses 90 tonnes, je me demande comment elle peut tenir en équilibre. A côté, je ressemble à une petite fourmi. Ses birmans avaient vraiment la folie des grandeurs comme si construire toujours plus grand ou plus somptueux leur assuré une vie meilleure ou l’atteinte du nirvana. Je termine mon épopée dans le monde fou de Mingun par un stupa Hsinbyume. Les birmans pensent qu’elle est posée sur la montagne au centre de l’univers le Meru. On y croit ou pas. Mais surtout, elle renferme deux bouddhas alignés ce qui en fait sa particularité. Mouais. Disons que les monuments en eux-mêmes ne valaient pas grand-chose mais au moins la vie locale des campagnes m’a permis de mieux appréhender encore la vie au Myanmar.


Sophie
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