mercredi 27 février 2013

A la rencontre des habitants du lac



Lever de soleil sur le lac
Le vélo est une solution pour sortir des sentiers battus mais sur un lac, il a ses limites. Je m’embarque donc très tôt ce matin sur une des nombreuses pirogues à moteur pour explorer le lac Inlay et partir à la rencontre de ses habitants. Direction le sud sud du lac pour éviter les nombreux touristes qui débarquent chaque jour. 


Au bout de quelques km, le spectacle a radicalement changé. Les villages de pêcheurs, de tisserands ou d’agriculteurs (on cultive des fruits et des légumes avec des jardins flottants) apparaissent peu à peu avec le levée du soleil. Ma première rencontre se fera avec un pêcheur typique. Pagayant avec un pied par un ingénieux système, il utilise ses deux mains pour enfoncer des énormes filets ressemblant à des entonnoirs. Au bout de quelques secondes, il soulève le filet pour voir le résultat de sa pêche, va un peu plus loin et recommence l’opération. Impressionnant de voir sa dextérité et l’image est magnifique dans le soleil. Je le quitte pour m’approcher d’un autre pêcheur en tenue traditionnel qui utilise sa rame comme bâton pour attirer les poissons (pas certaine que cela soit très efficace). Pour les plus pauvres, il suffit de se mettre à l’eau armé d’un grand filet et de marcher en le drainant dans l’espoir d’attraper un de ses fameux poissons. 


Les charmants villages de pêcheurs
Alors que le lac s’élargit et que le soleil prend de la hauteur, j’arrive aux premiers villages. De petites maisons en bois, pailles, bambous, roseaux… et montées sur pilotis se succèdent. Ils ont tous une couleur différentes, une forme particulière et c’est un bonheur de regarder ces cabanes alignées sur l’eau au milieu de rien. Dedans et dehors la vie s’organise. Les enfants (qui je pense ne vont pas à l’école) aide leur père ou leur mère aux tâches du quotidien. Il s’agit de réparer les filets, laver son ligne ou sa vaisselle dans le lac, faire un brun de toilette en s’immergeant complètement, préparer les poissons ramenés le matin… Autant de petites scènes qui peuvent paraître banales mais qui prennent une signification unique dans ce décor hors du temps et de l’espace. Enfin pas tout à fait, car les hameaux sont approvisionnés en électricité (je vous assure) par un système de poteau en bois planté dans le lac et sur lequel repose des fils électriques. Je me demande parfois comment cela tient et si personne ne s’est jamais électrocuté. 


C’est ainsi passant de village en hameau que j’arrive au marché du jour. Ici, les villages se recoupent de manière à organiser un marché tournant tous les 5 jours chez eux. 


Un des nombreux pêcheurs
Dès que je mets le pied à terre, je comprends que les blancs ne sont pas légions ici. Les gamins me regardent avec des grands yeux ébahis, osant parfois un hello alors que les adultes sont tous habillés dans leur tenue traditionnelle variant en fonction de leurs ethnies. Ce mélange se retrouve sur le marché où chacun vient avec ses produits locaux. Les couleurs et les saveurs remplissent l’air et je ne sais plus où regarder. Munis d’une balance à poids (un autre temps), d’une feuille et d’un crayon, tout se négocie et se paie parfois en troc. Les villages entiers semblent s’être donné rendez-vous dans ce lieu au bord du lac. Les femmes très chargées remplissent des paniers avant de les porter jusqu’aux pirogues à rame entrelacées les unes aux autres. Se joue alors une partie de qui met le plus et comment faire tenir un maximum de choses dans un si petit bateau. Tout le monde s’en même et la scène est cocasse. Me dépêtrant de tous ces bateaux, je continue mon chemin jusqu’à un jardin flottant. Étonnant de voir qu’en ramenant un peu de terre et de graine, les birmans sont capables de faire pousser sur l’eau quantité de fruits et de légumes : Tomates, courges, haricots, petits poids, melons… et même des fleurs de lotus. 


Le marché et ses ethnies
Ces fleurs de lotus sont très importantes sur le lac car elles servent à confectionner les vêtements. En s’approchant d’un village, je suis surpris par le cliquetis répété des machines à tisser. Je m’approche et je découvre des énormes métiers à tisser. On m’explique les différentes étapes de la confection des vêtements en fibre de lotus mélangé à de la soie ou du coton de Mandalay. Les femmes ont une dextérité époustouflante, coordonnant les mains et les pieds pour chaque fil, chaque motif… Tout est fait à la main de la récupération de la fibre de lotus à la coupe finale. Je suis bleuffée moi qui n’arrive même pas à coudre correctement un bouton. 


La vie locale
Je resterai bien des heures à écouter ce cliquetis et à regarder ces femmes travailler le tissu. Mais la journée est déjà bien entamée et le driver me fait comprendre qu’il faut prendre le chemin du retour. Sur la pirogue je me laisse bercer par le soleil (un peu trop à en juger par les coups de soleil), le paysage entre montagne et eau, les innombrable est inoubliables villages et pêcheurs et je me surprends même à nourrir les oiseaux du lac. Avant de rejoindre Nyaungshwe, j’effectue un dernier arrêt devant un petit sanctuaire planté au milieu de l’eau et qui renferme un bouddha pêcheur. Même eux ont le droit de faire des offrandes au milieu de l’eau. Un autre monastère touristique, cette fois-ci, attire mon attention et sera mon ultime halte de la journée. Il s’agit du monastère des chats sauteurs. Si je n’ai pas vu les chats sautés, en revanche, l’animal est présent partout en grand nombre. Quant à la salle de méditation en teck, elle renferme une collection sympathique de bouddha de toutes matières et de tout âge. De quoi donner une dimension spirituelle à cette journée placée sous le signe des rencontres et des découvertes. 


Sophie
Photos

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