lundi 19 décembre 2011

Chaiten, une ville triste et sinistrée par le volcan

Le volcan Chaiten
Nous repartons ce matin de Puerto Montt pour la ville tant attendue de Chaiten, entrée du parc Pumalin. Il faut dire que depuis 10 jours nous essayons désespérément d’atteindre cette bourgade au pied du volcan du même nom.

Le trajet qui nous y amène sera réalisé davantage en bateau qu’en bus. A peine avons-nous quitté Puerto Montt qu’un premier bac nous fait traverser les fjords et nous déverse au pied du village d’Hornopiren. Finis la pampa, l’océan pacifique et bonjour les Andes et sa verdure. Nous avons l’impression d’avoir réalisé un bond immense et d’un coup nous nous retrouvons avec un panorama fait de montagnes, de cascades, de rochers et de forêts à perte de vue. Les arbres n’en finissent plus et avec eux des plantes étranges aux feuilles immenses. Ces forêts marquent le début de parc Pumalin.

Le petit paradis s'est transformé en enfer
D’ailleurs c’est dans les fjords que nous débutons sa découverte et très vite nous comprenons pourquoi Douglas Tompkins, le créateur de North Face et Patagonia est tombé amoureux de la région au point d’y acheter autant de surfaces. Aujourd’hui il possède le plus grand parc privé du monde soit l’équivalent d’un département français. Ce qui n’est pas au goût de tous les chiliens surtout lorsque nous savons qu’il a obligé les ranchs à se mettre à l’écologie et qu’il en exproprié d’autres. Mais en échange, son parc entièrement gratuit s’avère un modèle environnemental et vise à sensibiliser le monde à l’importance de préserver notre belle planète.

Les rues sont envahies par les cendres
Nous avions déjà navigué dans les fjords mais ceux là s’avèrent complètement différents. Le lac d’un bleu transparent et profond semble en harmonie avec la forêt grimpant sur les montagnes. En fond de nombreuses cascades et chutes d’eau semblent ne jamais finir de tomber. Après le bateau vient les pistes ou plutôt la piste qui traverse le parc de haut en bas. De chaque côté la végétation luxuriante invite à la détente et à la promenade. Nous nous croyons presque revenus 2 mois en arrière lorsque nous traversions une partie de la jungle tellement les arbres semblent touffus et serrés.

Les intérieurs sont détruits
Malheureusement au bout de la route le spectacle change du tout au tout et nous passons du paysage enchanteur à la désolation et la tristesse. Le volcan Chaiten a laissé des traces de son éruption de 2008 et 2009. Nous devons avouer que c’est assez bluffant et consternant. Les arbres semblent avoir tronqué leurs feuilles pour des branches grises et noires. En fait il s’agit d’amas de cendres accumulés. A la place des collines verdoyantes, nous sommes devant des montagnes grises, poussiéreuses. Un début de l’enfer après le paradis.

Cependant, nous ne sommes pas au bout des surprises. A plus de 30 km des premiers signes de passage du volcan, la petite bourgade Chaiten semble sortir d’un autre temps ou plutôt tout droit d’un film d’horreur. Sous la grisaille et la pluie (ce qui rend la cité encore plus glauque), nous pénétrons dans une bourgade sinistrée, lugubre.

Les habitants sont partis en hâte laissant des affaires
En nous promenant dans les rues ou plutôt les amas de cendres tassés qui servent de rues, nous découvrons consterné des maisons vidées à la hâte ou parfois il traîne un matelas, une chaise, quelques vêtements… Et si les baraques sont encore pour la plupart debout, elles sont toutes recouvertes de poussières grises pour les plus chanceuses. Quand aux autres (et cela est plus flagrant aux extrémités de la ville), elles sont presque ensevelis sous les cendres qui ont parfois atteint le premier étage. Pour vous dire, les tas de cendres s’avèrent plus grande que nous. Devant tant de désolation, nous ne pouvons restés que bouche bée. Au détour d’une rue, une femme essaie tant bien que mal avec une simple pelle de dégager la porte de sa maison. La pauvre en a au moins pour 10 ans avant de venir à bout de toutes ces cendres.

Et à côté de cette désolation, certains habitants sont revenus contre la volonté du gouvernement. Celui-ci souhaitait déplacer le village et a même racheter pratiquement toutes les maisons. Et pourtant malgré les risques encourus par une nouvelle éruption, pas moins de 1 000 personnes sont revenus habités leurs maisons, se débrouillant comme ils peuvent pour la reconstruire et vivre. Se battant contre vent et marée, ils ont finalement obtenus l’autorisation et même l’électricité après un an de clandestinité. Une belle leçon de vie surtout dans un village où tout est à reconstruire et on sait que le volcan peut de nouveau se réveiller à tout moment.

Sophie et Julien

Photos de la route
¨Photos Chaiten

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