jeudi 13 octobre 2011

La Bolivie, un pays aux étonnants contrastes


Le lac Titikaka, premier contact avec le pays
Avouons le tout de suite, la Bolivie ne restera pas dans nos annales des pays qui nous ont marqué. Nous ne pouvons pas non plus dire qu’elle ne vaut pas le détour mais elle se visite combinée avec le Pérou, le Chili ou un de ses voisins. Visiter la Bolivie toute seule et vous risquez d’être déçue.

Que dire donc de ce pays coincé entre ses prestigieux voisins ? La première chose qui nous a marqué dès le deuxième jour reste les grèves et les blocages perpétuels. Le pays a le droit d’expression et la population entend bien l’appliquée. Un peu trop à notre goût car si donner son opinion est toujours bien, s’opposer systématiquement à tout finit par nuire à la bonne marche du pays. Quand on voit que dans chaque ville traversée, nous avons eu le droit à des revendications et que la Bolivie possède le plus grand nombre de journaux contestataires au monde, nous nous demandons comment le pays arrive à construire quelque chose de durable. En tout cas, lorsque nous traversons les villes et surtout les villages perchés dans les montagnes (rien ou presque n’est en dessous de 2500m), nous constatons avec horreur la pauvreté dans laquelle la population se trouve.

Des pays pas très riches, nous en avons beaucoup traversés depuis 9 mois et demi mais à chaque fois nous avons vu des signes qui montraient que le pays essayait (tant bien que mal) que les choses changent. Ici et pour la première fois pas vraiment. Nous avons l’impression que le peuple se contente de sa situation et pire qu’en manifestant elle ne veut pas la changer ou si peu. 

Les couleurs des marchés de La Paz
La Bolivie semble ancrée dans un autre siècle avec des technologies modernes. Les portables, Internet (même très lent), la TV (dans les bus et les commerces rarement chez les particuliers), l’électricité (dans 80 % du pays) sont foisons. Les Boliviens sont ouverts au monde et suivent avec passion les infos, le sport (surtout le foot)… Et pourtant les traditions sont encore ancrées fortement. Nous ne disons pas que le peuple doit rejeter en bloc toute sa culture et ses traditions mais il est affligeant de voir que les enfants scolarisés ne vont à l’école que jusque 10 ans (après ce n’est plus obligatoire), il est triste de voir un gamin de 6, 7 ans jouer ou plutôt gratter des cordes pour gagner sa vie, de voir que les femmes ont déjà 5, 6 gosses à 30 ans alors qu’elles n’arrivent même pas à joindre les deux bouts. Il est triste aussi de voir qu’elles continuent à porter les vêtements traditionnels (encore c’est assez rigolo et pas méchant) et de se soumettre à leur mari (le macho est roi même si elles savent se défendre). La Bolivie vit entre le 21ème siècle et le 19ème siècle et nous avons l’impression que le pays ne sait pas quel siècle choisir et surtout comment faire pour évoluer positivement.

L'éprouvant travail des mineurs
Toutefois, le tableau n’est pas aussi noir qu’il peut paraître puisque les boliviens travaillent, y compris les femmes et mangent à leur faim (disons que les boliviennes se portent bien). Ici, comme dans les pays chauds comme l’Espagne le travail se fait le matin puis sieste entre 12h et 15h voir 16h avant de terminer vers 21h, 22h et le dimanche tout est fermé (une nouveauté pour nous qui étions habitués à voir tout ouvert en Asie). Malgré cela, nous n’avons pas ressenti une joie de vivre chez eux (au contraire du Pérou ou de l’Asie) et nous avons rarement bénéficié d’un sourire ou de sympathie (à quelques exceptions prêts comme les mineurs de Potosi). Nous avions même l’impression que nous les embêtions à chaque fois que nous leur posions une question. Peut-être est ce dû au fait qu’ils n’ont pas l’habitude du tourisme, qu’ils sont assez renfermés ou que leur vie est rude. 

L'impressionnant Salr d'Uyuni au lever du soleil
Alors finalement qu’avons-nous aimé et apprécié en Bolivie ; Les paysages aux couleurs extraordinaires. Dans un pays recouvert en grande partie par les Andes, les panoramas changent à chaque instant. Nous avons tour à tour l’impression de nous trouver sur la lune avec un paysage désertique tout juste couvert de petites touffes d’herbes, de pouvoir croquer les villes tant elles sont belles comme celle de Sucré ou de nous promener dans des lieux complètement différents avec des geysers, des lacs aux bleu étincelant, des eaux rouge par le souffre, des hauts sommets blancs… Le plus marquant restera tout de même le sublime Salar d’Uyuni avec son blanc éclatant qui ne semble jamais finir et qui nous emmène dans l’infini. 

Sucré, une ville blanche de toute beauté
Des paysages somptueux, des villes attrayantes, des lamas noirs, blancs, marrons, roux… et les fameuses mines de Potosi. Pour le coup, nous plongeons réellement au 19ème siècle en voyant l’état des mines (on se demande comment elles tiennent encore debout) et les conditions dans lesquelles ces hommes travaillent. Aucune sécurité, peu de technologie et l’argent au bout des doigts. Ils travaillent des heures et des heures, meurent souvent très jeunes mais sont fiers d’appartenir au monde des mineurs et de pouvoir nourrir dignement leurs familles. Ils gagnent en effet le double de salaire d’un Bolivien lambda mais à quel prix. Le pire c’est qu’ils demandent à travailler lorsque le gouvernement veut changer les règles ou fermer des mines pour leur sécurité. Ils sont à Potosi mais aussi à Oruro et d’autres villes moins connues du pays. En descendant dans ces mines, nous prenons conscience de notre chance et nous prenons une belle leçon de vie.
Finalement la Bolivie reste un pays de surprises entre désir d’avancée pour vivre dans un monde meilleur et le souhait de garder le plus longtemps possible ses conditions de travail, de vie, ses traditions par peur de tout perdre et de se retrouver dans une situation encore pire. Nul ne sait ce que le pays sera dans 10 ans. La même peut-être ou radicalement différent. Mais comme ils disent là bas no problema. 

Sophie et Julien

Photos Bolivie 

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